« Ce sera une révision constitutionnelle mue par des visées personnelles » – Deo Gratias Kindoho
Anguille sous roche
Lorsqu’un aveugle menace de vous lancer une pierre, c’est qu’il a déjà son pied dessus. Il lui suffira de s’abaisser pour la ramasser. Quant à viser juste, c’est une autre histoire. M. Vlavonou n’a pas pu évoquer sans coup férir la révision de la Constitution ex nihilo. Qu’il l’évoque le jour de son investiture – sachant la polémique qui a entouré récemment les appels en faveur d’un troisième mandat du Chef de l’État – est loin d’être anodin. Ceci participe d’une planification. La nouvelle révision de la Constitution est déjà une initiative concrète à leur niveau. Sauf un coup de l’Esprit Saint ou un vent de panique dû à l’imprévisibilité de la météo locale, rien ne les empêchera de l’activer avant 2026. Et à l’instar de la loi modificative de la Constitution adoptée nuitamment par la huitième législature monocolore et indigne en 2019, ce sera une révision constitutionnelle mue par des visées personnelles ou privées. Ce sera à nouveau du grand n’importe quoi.
Les schémas possibles
A priori, la nouvelle initiative ne pourra pas aboutir clandestinement entre les quatre murs du parlement comme il y a environ quatre ans à moins que des députés de l’opposition se fassent débaucher. Le schéma le plus probable est que les révisionnistes recourent au référendum et ils savent comment organiser les votes en leur faveur. Le OUI l’emportera, ouvrant la voie à la possibilité du maintien de Patrice Talon au pouvoir. Deux cas de figure seront alors envisageables. Dans le premier (très plausible), l’on nous servira le refrain désenchantant qui cherche son chœur dans la sous-région ouest-africaine : la nouvelle réforme rebat toutes les cartes en ce qui concerne le mandat du président en place, nous sommes dans une nouvelle République. Même si la mention « aucun président ne fera plus de deux mandats de sa vie » est laissée intacte, pour laquelle des Constitutions réformées vaudra-t-elle ? La précédente ou la nouvelle? La presse partenaire posera la question aux hauts juristes-politiciens du pays. Leur réponse coulera de source. Deuxième cas de figure (peu plausible), la nouvelle constitution réformée fait passer le mandat présidentiel à sept ans, décale la prochaine présidentielle et dicte que le président en poste reste en fonction jusqu’à l’élection de son successeur. C’est ainsi que Patrice Talon s’était arrogé le droit, suite à la révision constitutionnelle de 2019, d’aller au-delà des cinq ans de son premier mandat et de faire emprisonner ceux qui s’y étaient opposés trop bruyamment.
Bonne foi?
La bonne foi est à ce régime, ce qu’est l’eau bénite au diable : l’antonyme parfait. Alors, je suis alarmiste à souhait. Face à la sortie de Louis Vlavonou, plutôt être alarmiste que laxiste. Nous parlons d’un président de l’Assemblée nationale qui a été capable de transmettre à la commission des lois du Parlement pour examen, un courrier que lui aurait destiné un compatriote plaidant la conversion du mandat présidentiel en septennat, justement. Ce n’était pas la première fois que l’extension du mandat présidentiel était agitée çà ou là comme un défi à relever.
Tout ce que j’ai exposé ci-haut, s’inspire de faits advenus. Que les faits à venir, en apportent le démenti!
Deo Gratias Kindoho