15 September 2024
Opinion

Pour la République !

  • 31 décembre 2022
  • 6 min read
Pour la République !

Par le fol amour qui me tient attaché à ma patrie, il m’est impossible – avant d’aller en 2023 attendre la comparution de Virgile Ahouanse programmée au 13 février par le Procureur spécial de la CRIET – de ne pas revenir sur l’affaire des exécutions sommaires à Porto-Novo, qui nous ébranle. Pour rappel, la Police Républicaine accuse Virgile de <<diffusion par voie électronique de fausses informations pouvant affecter gravement la paix et la tranquillité publique en periode sensible>>. Elle incrimine un document audio réalisé par mon confrère pour sa radio en ligne Crystal News. Ce n’est que deux semaines après la diffusion du document en question que la Police est sortie de son mutisme pour nous expliquer dans une déclaration ahurissante (Image ci-dessous) que ce n’étaient pas des exécutions sommaires mais un échange de tirs entre les forces de l’ordre et deux malfrats.

Cet échange se serait soldé par la mort des deux individus. Comment les forces de l’ordre ont-elles su qu’il y avait des malfrats à cet endroit, à ce moment? Une de leurs patrouilles, affirment-elles, a été alertée avec insistance de la présence de deux individus << visiblement en embuscade à hauteur de l’école primaire publique de Dowa-Centre dans l’obscurité et scrutant chaque moto qui passe>>. La patrouille se serait alors portée sur les lieux où elle aurait vu les deux personnes prendre la fuite laissant une moto sur place. Une battue se serait ensuivie, qui aurait permis de localiser les fugitifs. Face aux sommations de la patrouille, ces derniers auraient refusé de se rendre et ouvert le feu. Voilà ce qu’il se serait passé, dont il a fallu aux Policiers, deux semaines après les révélations de Crystal News pour nous rendre compte. Je signale que lesdits événements remontent à la mi-novembre 2022. Virgile ne s’en est saisi que le 14 décembre et la sortie de la police n’est intervenue que le 27 décembre. Une sortie visant par ailleurs à faire passer mon confrère pour un faussaire dans l’opinion. Il n’aurait pas de carte de presse et sa radio en ligne ne reposerait sur aucun acte d’existence légale. Comme si c’était cela qui prouverait la crédibilité des flics et pourquoi ils avaient perdu l’usage de leur langue durant tout ce temps.

Entre la diffusion du document incriminé et la sortie publique de la Police, il s’en est déroulé des choses inquiétantes. Elle avait deux options, au nom du bon sens qui devrait commander la logique policière.
– Première option (la meilleure) : prendre la parole dès les révélations de mon confrère pour donner sa version des faits et se racheter par la même occasion d’avoir laissé les habitants de Dowa dans la panique. Il y a eu des coups de feu en pleine agglomération en pleine nuit, il y a eu des morts, des riverains ont ramassé des balles dans leur maison et l’on n’a pas jugé sain de s’en expliquer immédiatement à la population.
– Deuxième option (la pire) : la Police interpelle mon confrère dès ses révélations. Elle l’interpelle en bonne et due forme, pas au détour d’un coup de fil ténébreux l’invitant à se présenter à la brigade criminelle pour affaire le concernant sans lui préciser ni de jour ni d’heure.

À rebours de ces deux options, la Police se lance aux trousses des témoins rencontrés par Virgile dans sa descente sur le terrain au lendemain de la publication de sa collecte, en arrête deux qu’elle traîne sous ses ordres. Le coup de fil qui convoque mon confrère est arrivé 48h après les interpellations de ces deux témoins dont l’un, ne se sentant pas bien, finit à l’hôpital. À la brigade criminelle, Virgile apprend entres autres que ses témoins se sont rétractés et qu’il est lui-même en garde à vue. Après avoir été présenté au procureur spécial de la CRIET au lendemain de son interpellation, il est libéré et placé sous convocation pour le 13 février 2023. L’un des témoins, le gardien de l’école primaire publique de Dowa Centre où l’on situe les exécutions, a été lui déposé en prison et ne passera donc pas la fin d’année en famille. Les flics soutiennent qu’il est l’auteur principal des déclarations contenues dans le travail du journaliste mis en cause, qu’il aurait par la suite rétoquées lui-même. Pourtant, nulle part dans son document, Virgile Ahouansè n’a indiqué s’être rapproché du gardien de l’établissement scolaire théâtre de l’horreur. Le seul intervenant qu’il a présenté en lui tendant son micro, est le chef du quartier de Dowa-Centre.

Pour mémoire, ce n’est pas la première fois que la Police est pointée du doigt dans des affaires d’exécutions sommaires ou extrajudiciaires. Un rapport de la Commission Béninoise des Droits de l’Homme, s’en était déjà ému il y a un an. La Commission, saisie de diverses plaintes, écrit dans ce rapport avoir adressé une requête à la Police. Laquelle requête est restée sans suite. Il y a un an encore, des membres du Conseil communal d’Avrankou s’indignaient à haute voix des mêmes types d’exécutions extrajudiciaires opérées par les forces de sécurité sur le territoire de leur commune. Les mêmes Virgile Ahouansè et Crystal News avaient relayé ces indignations à l’époque. Devinez si la Police était allée ramasser les Conseillers communaux outrés ou s’était mise à pourchasser des journalistes!

Ma prière à la Providence pendant que nous nous acheminons à pas fébriles vers les portes de 2023 : DÉLIVRE NOUS DU MAL!

Deo Gratias KINDOHO

 

 

 

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