Atténuation des effets du changement climatique : “Il y a un prix à payer pour la conservation” selon Eve Bazaiba
Dans l’atténuation des effets du changement climatique, les actions de conservation des communautés jouent un rôle considérable. C’est le cas en RDC qui abrite la deuxième plus grande forêt tropicale du monde.
Sur initiative de la commission climat du bassin du Congo et l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), les enjeux des actions de conservation de cette forêt ont fait l’objet d’un évènement parallèle qui s’est déroulé au pavillon de la francophonie à la COP 28.
L’évènement est présidé par la Ministre de l’environnement, du Développement durable de la RDC Eve Bazaiba. Occasion saisie par cette dernière pour rappeler le potentiel du bassin du Congo et revendiquer des compensations pour les actions de conservation des communautés autochtones.
Trouver l’alliage entre l’oxygène et le pain
Selon la ministre, les autochtones ne détruisent pas la forêt, c’est leur vie. Ils vivent dans la forêt, ils se nourrissent de la forêt. On ne saurait qualifier de destruction, les prélèvements qu’ils font pour leurs besoins. « L’exploitation du bois de service, du bois d’œuvre, du bois de travail n’est pas de la destruction. Mettre le feu pour se faire un passage et aller installer un champ de maïs, ce n’est pas de la destruction, c’est pour se nourrir ».
Par contre, Eve Bazaiba estime que la conservation nécessite l’alternative, la compensation. « Nous avons besoin de l’oxygène c’est pourquoi nous devons conserver nos forêts, notre biodiversité. Mais nous avons aussi besoin de pain. Il faut lier l’oxygène et le pain. Quand on a l’oxygène et non le pain, on vit comment ? Il faut une compensation pour les sacrifices qu’on demande à ces peuples de consentir en préservant la forêt».
Payer les droits de propriété ou les frais de gardiennage
La Ministre de l’environnement, du Développement durable reconnait que les peuples autochtones n’ont rien fait pour avoir cette biodiversité à leur disposition. Mais elle estime que c’est un don divin. « C’est Dieu qui nous a mis là et nous sommes les propriétaires. Il faut payer le droit de propriété. Vous ne pouvez pas me demander de ne pas toucher à ce qui m’appartient afin de le préserver pour le reste de l’humanité sans compensation ».
Peu après, la ministre nuance mais reste dans la logique revendicative : « Même si ça nous appartient à nous tous, c’est nous qui le gardons, payez donc les frais de gardiennage ». Eve Bazaiba a également évoqué la sédentarisation des pasteurs Mbororo en RDC notamment dans la région de l’Uélé alors qu’ils étaient considérés comme des éleveurs nomades. « Quand l’Etat congolais cherche à organiser ça, on nous dit non, ce sont des déplacés climatiques : Mais si c’est le cas, gérez-les » a-t-elle lancé.
Sur le territoire de la RDC, le bassin du Congo, c’est 145 mille kilomètres carré de tourbières, 155 millions hectares de forêts tropicales humides. L’ensemble séquestre plus de 40 gigatonnes de carbone représentant 3 ans d’émission de pollution mondiale.
Selon la ministre, suite à la dégradation que subie la forêt amazonienne actuellement, le bassin de Congo se positionne comme le premier en termes de services écosystémiques rendus.
Cécile Goudou
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