Mutilations Génitales Féminines : Le Bénin entre progrès et persistance
Ce 6 février marque le rendez-vous annuel de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF). Selon l’UNICEF, au moins 200 millions de filles et de femmes encore en vie, ont subi pour des raisons non médicales, l’ablation partielle ou totale de leurs organes génitaux externes. Aux premiers rangs de ces mutilations, l’excision qui s’éternise nonobstant les progrès enregistrés ces dernières années.
Le phénomène en dents de scie au Bénin
Au Bénin, la pratique a certes reculé, mais il ne faut pas baisser la garde selon les acteurs de la protection des droits des femmes. Les derniers chiffres relatifs au phénomène donnent toujours matière à s’inquiéter. Le Ministère des Affaires Sociales et de la Micro-finance a commandité une étude qui révèle que « 95% des MGF réalisées au Bénin au cours de cette décennie sont de type 2. Les mutilations génitales féminines (MGF) de type 2 sont des excisions faites par entailles et des morceaux de chair enlevées. 2% prennent la forme de l’infibulation, c’est-à-dire de rétrécissement de l’orifice vaginal, soit le type 3 des MGF, ayant les conséquences néfastes les plus graves.
La cartographie du phénomène
Les quatre départements du nord du pays constituent la zone à forte prévalence de cette pratique. A ces territoires s’ajoutent bien souvent certains espaces frontaliers. La même étude classe le département du Borgou en tête. Il se situe dans la classe des zones où les MGF sont pratiquées à hauteur de 51 à 80%. Les départements de l’Alibori et de la Donga le suivent et se situent dans la classe des zones dont la prévalence varie entre 26 et 50%. L’Atacora vient en quatrième position avec une prévalence entre 10 et 25%. Dans ces départements, les localités frontalières constituent des pateformes par excellence des Mutilations Génitales Féminines. Dans le département de la Donga, par exemple, l’étude hisse en peloton de tête, la commune de Copargo commune ayant enregistré le plus grand nombre de cas de MGF.
Les habitudes à la peau dure malgré la loi
Au détour du vote de la loi portant répression des infractions à raison du sexe, le Bénin a corsé sa législation afin de venir à bout de cette pratique ancestrale, désormais interdites. Mais selon les organisations non gouvernementales intervenant dans le domaine, pour échapper à la législation, les proches traversent de plus en plus les frontières avec les filles et les ramènent une fois la pratique accomplie.
Emilie KPADONOU