VIH SIDA: Les communautés en première ligne sur le front de la lutte
Confier le leadership aux communautés pour mettre fin au sida. C’est l’appel de l’ONUSIDA dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le sida, ce 1er décembre. Un nouveau rapport de l’institution onusienne dévoile le rôle essentiel que jouent les communautés dans la lutte. Toutefois, le sous-financement et des obstacles de tous ordres inhibent les efforts des communautés dans la bataille pour mettre un terme au VIH SIDA.
L’ONUSIDA appelle les gouvernements à « libérer le potentiel des communautés implantées au cœur des sociétés du monde entier et à leur confier le leadership pour mettre fin au Sida ». Dans les lignes du rapport, il est démontré que le Sida ne pourra disparaître en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030 que si les communautés en première ligne reçoivent tout le soutien dont elles ont besoin de la part des gouvernements et des donateurs. « Les communautés du monde entier ont montré qu’elles étaient prêtes, disposées et capables d’ouvrir la voie. Elles ont néanmoins besoin de voir disparaître les obstacles qui entravent leur travail et de disposer des ressources adéquates », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima.
Elle ajoute : « Trop souvent, elles sont traitées par les décideurs et les décideuses comme des problèmes à gérer, au lieu d’être reconnues comme des leaders et de recevoir un soutien à ce titre. Les communautés ne se tiennent pas en travers du chemin, elles éclairent la voie qui mène à la fin du sida».
L’institution onusienne en veut pour preuve que la mobilisation des communautés dans la rue, devant les tribunaux ou encore devant les parlements a permis d’instaurer des changements politiques inespérés. Les campagnes menées par les communautés ont contribué à élargir l’accès aux médicaments génériques contre le VIH et à réduire significativement et durablement le coût du traitement. Celui-ci est passé de 25 000 $ par personne et par an en 1995 à moins de 70 $ aujourd’hui dans beaucoup de pays parmi les plus touchés par le VIH.
L’exemple de l’impact de l’action des communautés dans certains pays
Au Nigéria par exemple, les programmes mis en œuvre par des organisations communautaires sont associés à une augmentation de 64 % de l’accès au traitement anti-VIH dans le pays. À Windhoek, en Namibie, un projet autofinancé par le Youth Empowerment Group utilise des vélos électriques pour fournir des médicaments anti-VIH, de la nourriture et une aide au suivi du traitement aux jeunes qui souvent ne peuvent pas se rendre dans un établissement de santé à cause de leur scolarité.
En Chine, des organisations communautaires ont développé des applications sur smartphone qui relient les personnes à l’autodépistage. Cette innovation a contribué à multiplier par quatre le nombre de dépistages du VIH dans tout le pays entre 2009 et 2020. En Afrique du Sud, cinq réseaux communautaires de personnes vivant avec le VIH ont inspecté 400 sites dans 29 districts. Ils ont également mené plus de 33 000 entretiens avec des personnes séropositives.
Dans la province de l’État Libre, leurs conclusions ont conduit les responsables provinciaux de la santé à déployer de nouveaux protocoles de rendez-vous. Ceci pour réduire les temps d’attente dans les établissements de santé et proposer des ordonnances d’antirétroviraux pour trois et six mois de traitement.
Le rapport de l’ONUSIDA souligne que malgré des preuves sans appel de l’impact des communautés, les ripostes dirigées par les communautés ne sont pas reconnues et financées correctement et sont même la cible d’attaques dans certains endroits.
Cécile Goudou