14 September 2024
Culture

Musique : « Ces gens-là voulaient ma peau, qu’est-ce que je leur ai fait ? », Rabby Slo se confie sur les conditions de son départ pour les Etats-Unis, il y a 19 ans

  • 4 mars 2023
  • 6 min read
Musique : « Ces gens-là voulaient ma peau, qu’est-ce que je leur ai fait ? », Rabby Slo se confie sur les conditions de son départ pour les Etats-Unis, il y a 19 ans

A quelques jours de son méga concert du 11 mars prochain au Majestic de Cadjèhoun à Cotonou, l’artiste chanteur béninois Rabby Slo était ce samedi dans la matinale de la Radio nationale. Il a notamment eu l’occasion de parler de sa carrière et de ses soubresauts. 

Wilfried HOUNWANOU à l’état civil, Rabby Slo a commencé la musique en 1998 à l’âge de17 ans. Rabby Slo, ce sont cinq albums : « Enagnon » sorti en 1998, « Djogbé » paru en 2000, « Mahu Mahu » lancé en 2001, « Sèhouè » publié en 2003, et le tout dernier « EP Afro Tchink afrotchink ». Après 19 ans d’absence, il est revenu au bercail en provenance des Etats Unis. Dans quelles conditions, il a dû quitter son pays et que s’est-il passé de l’autre côté ? L’auteur du célèbre titre « Ferme pas » était à cœur ouvert sur l’émission de la radio nationale. Morceaux choisis…

Fans Spectateurs triés sur le volet

D’abord, au sujet du prix d’entrée à son concert jugé exorbitant par certains, à savoir 100.000f CFA en solo et 150.000 CFA en couple, Rabby Slo répond : « Le prix, beaucoup n’en sont pas contents et je comprends; mais ce concert est destiné à ceux que ma musique a bercé, ceux à qui ça a redonné de l’espoir et qui sont aujourd’hui à des postes majeurs, des gens qui témoignent déjà par ailleurs. L’artiste béninois doit avoir de la valeur. Il faut aussi commencer par rehausser l’image de nos artistes. Seuls les concerts permettent aujourd’hui aux artistes de survivre », justifie-t-il. Il insiste ensuite sur l’heure du concert. « C’est bien 20h. Time is money, il faudra être à l’heure au concert, au risque de rater beaucoup de choses. Quand on est en retard, c’est un truc qui me gratte la peau ».

“J’ai décidé de partir…”

Abordant ensuite l’histoire de quelques titres phares de son répertoire, Rabby slo explique par exemple, que « Mahu mahu », ce titre éponyme, c’était l’expression d’une âme qui est fatiguée, qui a tellement appelé Dieu à la rescousse. « Parfois je faisais apprenti maçon, juste pour payer ma scolarité. Zagaza mon frère (qui était aussi en studio) et moi, allions vendre pour notre maman, du charbon, du bois. Donc cette chanson, c’est un cri d’alarme à Dieu », indique l’artiste chanteur. Puis vient le moment où Rabby Slo lâche les contours de son départ du Bénin : « Pour moi quand tu as le talent, tout le monde va te pousser, j’avais mal compris en réalité. Ce qui m’a le plus touché, Claudy Siar de Rfi m’a appelé et m’a dit Rabby, ta chanson kôkôkô là, on va remixer et ça va être un tube en Europe. Il a donc appelé le ministre de la culture à l’époque. Ils sont restés au téléphone deux heures durant et c‘est retenu que 33 millions seront débloqués pour que Claudy fasse de moi, la plus grosse star en Europe. Je peux vous assurer qu’en dehors de Fela et Fèmi kuti, même au Nigéria, il n’y avait pas un grand artiste qui émergeait vraiment dans le temps. On était en avance sur tout le monde. Quand je suis parti, ils ont dit Rabby Slo, c’est un artiste béninois et ils ont tué le projet. J’ai été traumatisé, la dépression s’y est mêlée. Voyez, vous-mêmes : c’est un enfant de zémidjan, le gars qui mangeait à peine une fois en une journée, qui a un rêve, qui a travaillé dur jusqu’à ce que l’opportunité de sa vie est arrivée et tout tombe à l’eau. Même quand j’étais aux USA, Claudy m’a appelé quatre fois. Nos relations se sont détériorées parce que l’animateur a pensé que j’avais pris les sous pour me rendre au pays de l’Oncle Sam. J’ai expliqué, il n’a pas compris parce qu’il a dit comment le ministre peut ne pas honorer sa promesse. Il a pensé que je ne lui disais pas la vérité et tout ça m’a vraiment troublé psychologiquement. Tu donnes de l’argent aux gens, ils disent le contraire. Des projets qui viennent de l’extérieur en ton nom, on détourne ça et je me suis dit mais, qu’est-ce que j’ai fait à ces gens-là ? Imaginez, je n’étais qu’un garçon à l’époque, je n’avais pas de mentor. Personne qui me donnait des conseils. Je dois m’occuper de moi, physiquement, spirituellement. Ces gens-là voulaient ma peau qu’est-ce que je leur ai fait ? Et c’est comme ça j’ai décidé de partir. Parce que j’ai compris que personne ne me comprenait et ce n’est que l’une des raisons de mon départ ».

La dure réalité de l’Eldorado

Il évoque aussi sa situation sur place : « Et une fois arrivé là-bas, ce sont d’autres réalités encore. J’ai repris ma vie à zéro, je ne comprenais pas la langue, je dois m’adapter, ça a été très difficile. Pendant la 4è année, j’ai voulu me suicider parce que la dépression était à son comble. Dieu m’a humilié d’une certaine façon parce que je ne pouvais pas travailler. Ici, les gens ne savaient pas que j’ai eu une vie très difficile là-bas. Je vous dis que j’ai même cherché billet d’avion pour rentrer, je n’ai pas pu l’obtenir. Mais face à tout ça, quand je pense à mes frères et ma maman Blandine, ça me donne la force d’aller de l’avant. Je voudrais que ma vie serve d’exemple pour les gens. Je vais passer plus de temps ici désormais qu’aux Etats-Unis ».

Le concert de la nouvelle dimension

Rabby Slo indique, pour finir, que le concert du Samedi 11 mars prochain, est organisé en l’honneur des fans mais surtout des femmes, au Majestic de Cadjèhoun à Cotonou. « Un concert qui annonce le départ pour une nouvelle dimension, non seulement de la carrière de Rabi Slow mais aussi du groupe Afafa et de la musique béninoise ». Il était en studio en compagnie de son jeune frère, Zagaza, membre du groupe AFAFA.

Kiki T.

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1 Commenter

  • J’ai aimé l’article.. très bien écrit

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