Accidents de la route au Bénin : Entre statistiques et causes, les acteurs situent les responsabilités
Les statistiques liés aux accidents de la route au Bénin sont éffarantes. Entre les données disponibles et les causes de ces drames, les responsabilités des différents acteurs sont mises à l’index. Au détour de l’émission “90minutes pour convaincre” de la radio nationale, acteurs et spécialistes de la sécurité routière ont analysé la question.
Les chiffres varient selon la nature de l’axe routier. Ces 5 dernières années, le Bénin a enregistré environ 26.000 cas d’accidents. La plupart ont eu lieu sur les routes inter-états à hauteur de 52%. Ces cas d’accidents comptent parmi ceux dont le taux de gravité est beaucoup plus élevé. La raison : ils sont liés aux excès de vitesse, renseigne le Direction Générale du Centre national de sécurité routière (Cnsr). Quant aux accidents survenus dans les agglomérations, ils causent beaucoup de blessés mais avec un taux de gravité moins élevé.
L’usager de la route en question
Au cœur des facteurs à la base de ces drames, le Directeur Général des Transports Terrestres (DGTT) identifie l’homme. Pour Didier YAYI, c’est d’abord le conducteur de par son comportement, ses pratiques non recommandées telles que la prise d’alcool, de stupéfiants, l’excès de vitesse, la conduite en état de fatigue et le non-respect des normes. Ensuite, il évoque la qualité du réseau routier et son entretien. Pour Didier YAYI, c’est aussi de l’usager de la route. Enfin, le matériel : le véhicule qu’on met sur la route, son état, son entretien, les différents contrôles qu’il doit subir en amont,etc ; Toutes ces actions relèvent également de l’homme. « il faut travailler sur le facteur humain si nous voulons réduire de façon drastique les accidents de la route » préconise le Directeur Général des Transports Terrestres .
Mis à l’index, les conducteurs situent les responsabilités
« La responsabilité est partagée » rétorque Firmin TOKIN, Secrétaire Général du SYNANCAB, membre de la COSI-Bénin. Si le conducteur syndicaliste reconnaît qu’il y a des brebis galeuses dans les rangs de ses paires, il rappelle tout de même qu’il y a bien d’autres facteurs. Ce ne sont pas seulement les conducteurs qui provoquent les accidents selon Firmin TOKIN. En dehors des torts attribués à raison à certains d’entre eux, les conducteurs se retrouvent bien souvent entre le marteau et l’enclume. Il évoque les situations à risque auxquelles des promoteurs de société de transport les soumettent. Au nombre de celles-ci :
– la négligence dont certains promoteurs de société de transport font preuve dans l’entretien des véhicules (le refus de changer des pièces défaillantes par exemple).
– l’obligation faite aux conducteurs d’exécuter une certaine distance dans un délai relativement court. Cette demande de l’employeur amène bien souvent le conducteur à un l’excès de vitesse. Il est amené aussi à transporter des produits déconseillés afin de pouvoir remplir à temps son cahier des charges etc.
Entre le marteau et l’enclume
Le défenseur des droits des conducteurs fait une caricature de la situation. Si l’on peut assimiler les employeurs au marteau, les passagers et l’état des routes occupent bien la place de l’enclume. Le Secrétaire Général du SYNANCAB fait allusion, d’une part, à ces passagers souvent trop pressés qui trouvent que les conducteurs qui respectent la vitesse normale sont trop lents et leur mettent la pression parfois à coup d’injures pour accélérer. D’autre part, le conducteur a beau avoir la conscience professionnelle, s’il doit rouler sur une voie qui n’est pas en état, il ne pourra pas éviter les accidents assure le syndicaliste. Firmin TOKIN rappelle que des axes routiers en mauvais état, mal éclairés la nuit sur lesquels les panneaux de signalisation se raréfient plongent aussi dans l’insécurité les usagers de la route.
Emilie KPADONOU
